Les élites :compétition, médiation et mobilité
dans les sociétés du haut Moyen Âge (VIe-XIe siècles)
responsable :Régine Le Jan

le 20 janvier 2009

équipe
séminaire

Bilan 2004-2008


sources en ligne


1 Compétition et mobilité sociale (coordination Régine Le Jan et François Bougard)
2 Compétition, médiation et sacré (coordination Laurent Jégou et Stéphane Gioanni)
3 Compétition, médiation et genre (coordination Sylvie Joye et Geneviève Bührer-Thierry)
4 Processus normatif et confrontations (coordination Thomas Lienhard et Laurent Jégou)

La démarche collective s'inscrit dans la poursuite des travaux du Laboratoire sur les Transferts patrimoniaux et sur les Elites dans le haut Moyen Âge et vise à approfondir ces thématiques. En effet, les interférences entre questionnements anthropologiques, leçons sociologiques et recherches historiques sont maintenant suffisamment nombreuses pour qu'un projet de recherche soit lancé sur le thème des échanges sociaux dans les sociétés du haut Moyen Âge. Il est capital pour les historiens médiévistes de prendre en compte l'ensemble des travaux en sciences sociales afin de mieux définir les caractères des sociétés médiévales. En effet, s'il est facile de mettre en lumière des phénomènes de réciprocité et d'échange dans les sociétés du haut Moyen Âge, celles-ci sont aussi des sociétés compétitives, où l'échange implique la redéfinition des positions dans la hiérarchie et permet la mobilité sociale, la médiation s'avérant indispensable pour rétablir l'équilibre quand celui-ci se rompt.
La compétition pour les richesses et pour le pouvoir touche en effet l'ensemble des acteurs sociaux ; elle atteint toutes les formes de production, de distribution et redistribution ; elle concerne les relations avec l'au-delà, retranscrites en termes de circulation des biens ; elle implique de nombreux intermédiaires, médiateurs et associés
On étudiera donc les formes d'échanges compétitifs, à la lumière des leçons de l'anthropologie et de la sociologie et en partant d'un concept clarificateur, celui de médiation. Par définition, les élites entrent dans le jeu de la médiation ou de l'intercession, puisque les membres de l'élite sont médiateurs dans la hiérarchie et que l'on fait appel à eux pour rétablir la paix. La médiation n'intervient pas seulement dans les processus de règlement des conflits, mais aussi dans la production des rapports politico-religieux qui donnent sens aux rapports sociaux.
On s'intéressera aux formes de la médiation, aux catégories de médiateurs, à leur genre.
La question de la mobilité sociale est essentielle puisqu'elle mesure les possibilités de changement de position dans la hiérarchie. Puisque les sociétés du haut Moyen Âge ne sont pas des sociétés de castes, que les statuts y sont moins rigides qu'il n'y paraît, que des biens matériels et symboliques (terres, fonctions, objets précieux, femmes) y circulent et que la compétition qu'ils suscitent est le moteur de la mobilité, quelle est l'ampleur de cette dernière et comment la mesurer ?
La sociologie part du principe que, dans les sociétés traditionnelles, la mobilité, qui permet un réajustement permanent de la hiérarchie, est beaucoup moins forte que dans les sociétés contemporaines. Notre documentation, qui est celle des élites, ne constitue-t-elle pas un prisme tellement déformant qu'il est impossible d'apprécier réellement l'importance des renouvellements ? Par quelles méthodes mesurer la mobilité ? Selon quels critères ? Quels sont les moyens et les possibilités d'ascension sociale, en partant d'où et en allant jusqu'où ? Quels sont les risques de déclassement ? L'ascension des individus entraîne-t-elle celle des groupes auxquels ils appartiennent ? À l'inverse, le déclassement des individus entraîne-t-il celui des familles ? Y a-t-il des facteurs qui accélèrent la mobilité dans certaines périodes ?
La mobilité (ou l'instabilité) était constante dans un haut Moyen Âge que l'on ne peut qualifier de " stagnant ", il faut en conséquence distinguer les moments de mobilité selon les groupes, analyser plus spécifiquement les crises (crise générale majeure du VIe , crise politique de la fin du IXe siècle) et tenter une périodisation plus ample :

- forte mobilité du VIe siècle
- VIIe-VIIIe siècles davantage caractérisés par la mobilité. Le service du roi offre des possibilités d'ascension à certains ;l'"âge d'or" de la paysannerie prend alors fin
- l'époque carolingienne se distingue plutôt par sa rigidité, surtout une fois terminée la phase de conquêtes, sauf dans les sociétés de frontières traditionnellement plus dynamiques (Catalogne et Saxe)
- fin IXe-début Xe, la crise de l'élite accélère la mobilité au sommet, puis débouche sur l'ascension des milites etc.
- l'âge seigneurial démultiplie localement la mobilité

Il importe également de redonner tout son poids au politique, à la fois dans la régulation de la mobilité et dans la capacité à faire sauter les verrous symboliques, spécialement celui de l'ascension à partir de la classe servile.
Enfin, il serait imprudent de négliger le droit, qui constituera le cœur d'un sous axe : les contrats agraires peuvent encourager ou freiner la mobilité, alors que les pratiques successorales stimulent la mobilité.
La matière de ce projet ont été réparties en quatre sous-axes de recherche pour permettre de stimuler et de développer un programme de travail collectif. Il va de soi que les recoupements entre les différents sous-axes sont nombreux et qu'il s'agit d'un programme de recherche unique. Si le LAMOP constitue le point d'ancrage du programme, la structure en réseau permet de déconcentrer les moyens et donne à toutes les institutions partenaires la possibilité de prendre en charge tout ou partie d'un sous-axe, d'organiser et de prendre en charge des rencontres.

Le lien entre la recherche et la formation à la recherche est renforcé par les différents séminaires doctoraux :

- L'atelier du haut Moyen Âge est un lieu d'échanges où sont discutées les recherches en cours, de niveau doctoral et post-doctoral, ainsi que les publications les plus récentes et les plus significatives.
- Le programme doctoral Texts and Identities in the Early Middle Ages associe les doctorants de haut Moyen Âge des universités de Utrecht, Cambridge, Leeds, Vienne, Paris 1 et, depuis 2008 Paris Ouest-Nanterre. Les rencontres suivantes sont prévues à Wassenaar (Netherland Institute for advanced studies) en 2009, Cambridge en 2010, Vienne en 2011, Paris en 2012.
- Le programme doctoral Paris 1-Université de Sao Paulo (Brésil). La collaboration et les échanges entre les enseignants de Paris 1 (Régine Le Jan, Dominique Iogna-Prat) et brésiliens (Marcelo Candido da Silva, Néri de Barros Almeida) ont conduit à proposer un programme de recherche doctorale dans le cadre des accords COFECUB. Un tel programme permettrait des échanges d'enseignants et l'organisation de séminaires doctoraux bilatéraux. Le thème retenu pour le programme est celui des Normes et sociétés.
Un premier colloque aura lieu à Sao Paulo en avril 2009, coorganisé par l'USP et l'université Paris1, auquel participeront pour l'Université Paris1 Régine Le Jan (Pr), Laurent Jégou (MCF), Stéphane Gioanni (MCF), Laurence Leleu (doctorante, ATER), Gaelle Calvet (doctorante, AM), Claire Tignolet, (doctorante AM). Le projet a reçu la label " Année de la France au Brésil ".


Un atelier de réflexion est organisé les 20-22 mars 2009 à la Mission historique française en Allemagne (Göttingen), dont l'objectif est de définir les grandes étapes du projet " Compétition, médiation, mobilité au haut Moyen Âge" pour les années 2009-2012.

 

 
le 27 février 2007