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Compétition et mobilité sociale (coordination
Régine Le Jan et François Bougard)
2 Compétition, médiation et sacré (coordination
Laurent Jégou et Stéphane Gioanni)
3 Compétition, médiation et genre (coordination
Sylvie Joye et Geneviève Bührer-Thierry)
4 Processus normatif et confrontations (coordination Thomas
Lienhard et Laurent Jégou)
La
démarche collective s'inscrit dans la poursuite des travaux
du Laboratoire sur les Transferts patrimoniaux et sur les Elites
dans le haut Moyen Âge et vise à approfondir ces
thématiques. En effet, les interférences entre
questionnements anthropologiques, leçons sociologiques
et recherches historiques sont maintenant suffisamment nombreuses
pour qu'un projet de recherche soit lancé sur le thème
des échanges sociaux dans les sociétés
du haut Moyen Âge. Il est capital pour les historiens
médiévistes de prendre en compte l'ensemble des
travaux en sciences sociales afin de mieux définir les
caractères des sociétés médiévales.
En effet, s'il est facile de mettre en lumière des phénomènes
de réciprocité et d'échange dans les sociétés
du haut Moyen Âge, celles-ci sont aussi des sociétés
compétitives, où l'échange implique la
redéfinition des positions dans la hiérarchie
et permet la mobilité sociale, la médiation s'avérant
indispensable pour rétablir l'équilibre quand
celui-ci se rompt.
La compétition pour les richesses et pour le pouvoir
touche en effet l'ensemble des acteurs sociaux ; elle atteint
toutes les formes de production, de distribution et redistribution
; elle concerne les relations avec l'au-delà, retranscrites
en termes de circulation des biens ; elle implique de nombreux
intermédiaires, médiateurs et associés
On étudiera donc les formes d'échanges compétitifs,
à la lumière des leçons de l'anthropologie
et de la sociologie et en partant d'un concept clarificateur,
celui de médiation. Par définition, les élites
entrent dans le jeu de la médiation ou de l'intercession,
puisque les membres de l'élite sont médiateurs
dans la hiérarchie et que l'on fait appel à eux
pour rétablir la paix. La médiation n'intervient
pas seulement dans les processus de règlement des conflits,
mais aussi dans la production des rapports politico-religieux
qui donnent sens aux rapports sociaux.
On s'intéressera aux formes de la médiation, aux
catégories de médiateurs, à leur genre.
La question de la mobilité sociale est essentielle puisqu'elle
mesure les possibilités de changement de position dans
la hiérarchie. Puisque les sociétés du
haut Moyen Âge ne sont pas des sociétés
de castes, que les statuts y sont moins rigides qu'il n'y paraît,
que des biens matériels et symboliques (terres, fonctions,
objets précieux, femmes) y circulent et que la compétition
qu'ils suscitent est le moteur de la mobilité, quelle
est l'ampleur de cette dernière et comment la mesurer
?
La sociologie part du principe que, dans les sociétés
traditionnelles, la mobilité, qui permet un réajustement
permanent de la hiérarchie, est beaucoup moins forte
que dans les sociétés contemporaines. Notre documentation,
qui est celle des élites, ne constitue-t-elle pas un
prisme tellement déformant qu'il est impossible d'apprécier
réellement l'importance des renouvellements ? Par quelles
méthodes mesurer la mobilité ? Selon quels critères
? Quels sont les moyens et les possibilités d'ascension
sociale, en partant d'où et en allant jusqu'où
? Quels sont les risques de déclassement ? L'ascension
des individus entraîne-t-elle celle des groupes auxquels
ils appartiennent ? À l'inverse, le déclassement
des individus entraîne-t-il celui des familles ? Y a-t-il
des facteurs qui accélèrent la mobilité
dans certaines périodes ?
La mobilité (ou l'instabilité) était constante
dans un haut Moyen Âge que l'on ne peut qualifier de "
stagnant ", il faut en conséquence distinguer les
moments de mobilité selon les groupes, analyser plus
spécifiquement les crises (crise générale
majeure du VIe , crise politique de la fin du IXe siècle)
et tenter une périodisation plus ample :
-
forte mobilité du VIe siècle
- VIIe-VIIIe siècles davantage caractérisés
par la mobilité. Le service du roi offre des possibilités
d'ascension à certains ;l'"âge d'or"
de la paysannerie prend alors fin
- l'époque carolingienne se distingue plutôt
par sa rigidité, surtout une fois terminée la
phase de conquêtes, sauf dans les sociétés
de frontières traditionnellement plus dynamiques (Catalogne
et Saxe)
- fin IXe-début Xe, la crise de l'élite accélère
la mobilité au sommet, puis débouche sur l'ascension
des milites etc.
- l'âge seigneurial démultiplie localement la
mobilité
Il
importe également de redonner tout son poids au politique,
à la fois dans la régulation de la mobilité
et dans la capacité à faire sauter les verrous
symboliques, spécialement celui de l'ascension à
partir de la classe servile.
Enfin, il serait imprudent de négliger le droit, qui
constituera le cur d'un sous axe : les contrats agraires
peuvent encourager ou freiner la mobilité, alors que
les pratiques successorales stimulent la mobilité.
La matière de ce projet ont été réparties
en quatre sous-axes de recherche pour permettre de stimuler
et de développer un programme de travail collectif. Il
va de soi que les recoupements entre les différents sous-axes
sont nombreux et qu'il s'agit d'un programme de recherche unique.
Si le LAMOP constitue le point d'ancrage du programme, la structure
en réseau permet de déconcentrer les moyens et
donne à toutes les institutions partenaires la possibilité
de prendre en charge tout ou partie d'un sous-axe, d'organiser
et de prendre en charge des rencontres.
Le
lien entre la recherche et la formation à la recherche
est renforcé par les différents séminaires
doctoraux :
-
L'atelier du haut Moyen Âge est un lieu d'échanges
où sont discutées les recherches en cours, de
niveau doctoral et post-doctoral, ainsi que les publications
les plus récentes et les plus significatives.
-
Le programme doctoral Texts and Identities in the Early Middle
Ages associe les doctorants de haut Moyen Âge des universités
de Utrecht, Cambridge, Leeds, Vienne, Paris 1 et, depuis 2008
Paris Ouest-Nanterre. Les rencontres suivantes sont prévues
à Wassenaar (Netherland Institute for advanced studies)
en 2009, Cambridge en 2010, Vienne en 2011, Paris en 2012.
-
Le programme doctoral Paris 1-Université de Sao Paulo
(Brésil). La collaboration et les échanges entre
les enseignants de Paris 1 (Régine Le Jan, Dominique
Iogna-Prat) et brésiliens (Marcelo Candido da Silva,
Néri de Barros Almeida) ont conduit à proposer
un programme de recherche doctorale dans le cadre des accords
COFECUB. Un tel programme permettrait des échanges
d'enseignants et l'organisation de séminaires doctoraux
bilatéraux. Le thème retenu pour le programme
est celui des Normes et sociétés.
Un premier colloque aura lieu à Sao Paulo en avril
2009, coorganisé par l'USP et l'université Paris1,
auquel participeront pour l'Université Paris1 Régine
Le Jan (Pr), Laurent Jégou (MCF), Stéphane Gioanni
(MCF), Laurence Leleu (doctorante, ATER), Gaelle Calvet (doctorante,
AM), Claire Tignolet, (doctorante AM). Le projet a reçu
la label " Année de la France au Brésil
".
Un atelier de réflexion est organisé les 20-22
mars 2009 à la Mission historique française en
Allemagne (Göttingen), dont l'objectif est de définir
les grandes étapes du projet " Compétition,
médiation, mobilité au haut Moyen Âge"
pour les années 2009-2012.
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