GDR - France-Iles Britanniques

29/06/2007





2000-2003
[RTF]

2004-2007
[ RTF]

 

 

 

Le projet de GDR [2136] présenté il y a quatre ans partait de l'observation que l'Angleterre et les îles britanniques sont aujourd'hui devenues presqu'une terra incognita pour les historiens français. Il ne s'agissait nullement d'une fatalité, puisque jusqu'à la seconde guerre mondiale, les contacts entre les deux historiographies avaient été aussi soutenus que féconds. Malheureusement, après la guerre, seules quelques individualités, brillantes certes, mais relativement isolées sur le plan institutionnel, ont maintenu en France la tradition d'une recherche française sur l'histoire britannique : citons par exemple Edouard Perroy, François Crouzet et François Bédarida. Le résultat a été la presque disparition de doctorants travaillant sur le monde britannique et ce n'est que relativement récemment que Jean-Pierre Poussou d'abord, puis Bernard Cottret, Martin Aurell, Stéphane Lebecq, Christophe Charles, Robert Frank, Jean-Philippe Genet et quelques autres se sont enhardis à lancer des jeunes historiens sur des sujets anglais, sans trop savoir d'ailleurs quel accueil leur ferait des universités françaises qui ont pris l'habitude d'exclure l'histoire britannique de leurs programmes.

Le CNRS a, dans un tel cas, un rôle particulier à jouer. Il peut aider, par la puissance de ses laboratoires et par la souplesse de ses structures les équipes universitaires à cooordonner leurs efforts et à renouveler leurs problématiques dans un secteur particulièrement difficile : il n'existe en effet en Grande-Bretagne aucune institution qui puisse soutenir la comparaison avec la Mission Historique Française en Allemagne à Göttingen, sans même parler de la Casa de Velasquez à Madrid ou des Ecoles françaises de Rome ou d'Athènes ! Par ailleurs, la collaboration dans le domaine de l'histoire est rendue difficile par une sociologie de la recherche très contrastée : les jeunes chercheurs anglais, sélectionnés très strictement, bénéficient de post-docs pour faire des thèses dont la taille et la durée sont sévèrement contrôlées, disposant pour cela de bourses et de conditions de travail excellentes. La thèse est clairement en Angleterre un exercice universitaire, rien de plus, et elle est en général publiée après plusieurs années de travail complémentaire et de réécriture, générant souvent au passage la publication de sources ou d'instrument de travail ; la thèse française est plutôt un exercice académique, certes assez rapidement publié après la soutenance, mais préparé pendant un temps excédant souvent les cinq ans, et atteignant ou dépassant les mille pages. Surtout, les meilleurs étudiants sont agrégés, et faute de monitorats en nombre suffisant, ils ne peuvent différer leur entrée en lycée ou en collège. Il est donc presque impossible de les envoyer systématiquement pour deux ou trois ans en Angleterre, sauf à les faire rentrer via un scholarship dans le système anglais, au risque qu'ils choisissent de ne plus revenir en France, un D.Phil. leur ouvrant les portes des pays anglo-saxons, USA et Canada compris ; c'est donc comme professeurs de collège et de lycée qu'ils doivent préparer leur doctorat et, dans une telle situation, un sujet sur les îles britanniques constitue un lourd handicap.

Le CNRS a accepté le projet de GDR présenté en 1999, et les quatre années 2000-2003 ont donc permis le déroulement d'une action qui s'est déclinée en trois volets : organisation de colloques annuels sur des thèmes précis, soutien aux programmes des laboratoires impliqués, soutiens aux jeunes chercheurs, en leur permettant d'effectuer des missions d'étude sur le terrain. La structuration de cette action peut paraître atypique par rapport à d'autres GDR soutenus par le CNRS, mais elle correspond précisément à la tâche que nous sommes fixé :

- Les colloques sont destinés à développer les contacts avec nos collègues britanniques tout en favorisant les rencontres entre ceux qui, en France, travaillent sur ce domaine ; en même temps, ils permettent de susciter des problématiques nouvelles ou d'en revisiter d'anciennes, en laissant, par la publication des actes, des traces tangibles de l'action accomplie. Le GDR s'est d'ailleurs associé à d'autres rencontres, organisées par diverses équipes, soit qu'il en ait facilité l'organisation en prenant à sa charge une partie des frais, soit qu'il en ait soutenu financièrement la publication.
- Les programmes ont été menés à bien au sein des différents laboratoires et des différentes équipes : tout en suggérant parfois des collaborations et en favorisant les participations croisées, le GDR s'est voulu, à sa modeste échelle, une agence de moyens, cherchant à aider sans gêner ou interférer avec les équipes. Ce sont donc les équipes participantes les plus actives qui ont ici été les principales bénéficiaires de l'aide du GDR, essentiellement sous la forme de missions sur le terrain. Au reste, le rythme de cette activité se modelant sur celui des laboratoires eux-mêmes, il n'a pas toujours été facile de scinder le dossier de renouvellement entre une partie " rapport " et une partie " projet " et nous demandons sur ce point précis l'indulgence des rapporteurs qui seront parfois contraint de jongler avec notre présentation.
- Les missions aux jeunes chercheurs sont en fait le plus souvent un prolongement de cette action des équipes dans le cadre de leur programme, mais nous leur avons donné une véritable priorité, tant nous sommes persuadés que c'est grâce au succès de leurs thèses de doctorat que pourra se reconstituer dans les années qui viennent un vivier d'où sortiront les chercheurs et les maîtres de conférence de demain ; les responsables des programmes comme ceux du GDR ont d'ailleurs systématiquement cherché à les faire participer aux divers colloques et à y faciliter leur prise de parole.

Cette répartition des tâches s'est en tous cas rapidement imposée à nous : si les programmes que nous nous étions fixés se ont effectivement été en grande partie réalisés, ce sont surtout les laboratoires organisateurs qui en ont recueilli les fruits et ont pu apprécier la cohérence des contenus. Examinés à partir du niveau central du GDR, ces contenus apparaissent peut-être plus éclatés. Mais le but d'un GDR est bien de favoriser l'activité des équipes qui bénéficient de son soutien et nous avons donc décidé de relancer les actions sous ces mêmes trois formes, dans la mesure où il nous a paru inopportun de créer des " programmes communs " du GDR qui parasiteraient les programmes des laboratoires et des équipes existantes. Les quatre années à venir sont indispensables pour consolider l'action entreprise, d'autant plus qu'aucun relais stable ne paraît aujourd'hui encore exister pour assurer une continuité de la recherche historique française dans de bonnes conditions. Nous avons certes noué des relations étroites avec l'Institute of Historical Research à Londres et avec la Maison française d'Oxford, et cela sera un facteur positif pour l'avenir : mais, étant donné la tendance structurelle à la diminution du nombre des équipes CNRS on voit mal quelle Université serait susceptible de créer une UMR couvrant toute l'histoire des îles britanniques de l'Antiquité jusqu'à nos jours et limitant ses programmes à ce seul thème. Serait-ce d'ailleurs une bonne chose ? La formule du GDR apparaît ici idéale car elle permet de regrouper tous ceux qui travaillent sur un domaine sans pour autant les couper artificiellement du reste de la communauté scientifique à laquelle ils appartiennent pleinement par leur présence dans leurs équipes. Ceci étant dit, nous ferons, en conclusion de ce rapport, quelques suggestions sur ce que pourrait être un prolongement adéquat de ce second mandat du GDR.
Un dernier point mérité d'être souligné. Un GDR est une structure légère, mais il a tout de même besoin d'un support administratif stable et solide : notre GDR l'a trouvé à l'UMR 8589, tant à Paris I pour le fonctionnement informatique grâce à Giulio Romero Passerin d'Entrèves et Christine Ducourtieux, qu'à Villejuif où la gestionnaire du LAMOP, Félicia Yuste, membre de l'UMS de Villejuif que dirige Marcel Skrobek, a assuré avec sa maestria et son dévouement coutumiers la gestion financière centralisée des activités du GDR.
Conformément à la tradition, le dossier se présente en deux volets : un rapport sur les années 2000-2003, et un projet sur les années 2004-2007.